Fjällbacka, vous connaissez ? Eh bien moi, je n’avais jamais entendu parler de ce petit port de pêche au nom de prime abord imprononçable, situé sur la côte ouest de la Suède, avant d’y passer le plus clair de mon temps depuis ce début de reconfinement.
Pas plus d’ailleurs que je n’avais jamais lu Camilla Läckberg qui est native de ce lieu et surtout, si j’ai bien compris, traduite dans 50 pays et donc MONDIALEMENT connue… sauf de votre serviteuse !
Par Martine Lelait
Connaissance est maintenant faite et je dois dire que la compagnie de Camilla n’est pas la pire pour affronter le confinement.
En peu de temps, j’ai ainsi dévoré plus de 3000 pages, les cinq premiers romans* avec son couple fétiche, un autre de quelque 150 pages seulement (« Cyanure ») avec le jeune policier Martin qui est second rôle dans ses autres romans et « la Cage Dorée » écrit en 2019 mais sans les personnages récurrents habituels.
Qu’est ce qui rend donc accro à ces romans ?
L’intrigue policière évidemment, souvent construite de la même manière, de courts chapitres écrits en italique qui remontent dans le passé et les sentiments de l’assassin mais sans bien sûr qu’il soit nommé, passages qui alternent avec le déroulement de l’histoire dans le présent. Un suspense haletant aussi : lorsque les protagonistes découvrent un élément fondamental pour l’enquête, celui-ci ne sera pas dévoilé au lecteur avant plusieurs pages… C’est même un peu énervant si vous voulez mon avis et c’est ce qui pousse à n’interrompre la lecture qu’à regret, car on a toujours envie d’aller voir plus loin. Autant dire que plein d’autres activités peuvent passer au second plan quand on est plongé dans ces romans !
Au-delà des intrigues plutôt bien ficelées, il y a trois choses qui m’ont particulièrement intéressée dans ces romans :
– l’absence de tabou dans l’évocation des « choses de la vie » : les violences conjugales, les deuils, les difficultés liées à la grossesse, à l’accouchement, au fait de s’occuper au quotidien d’un bébé, la dépression qui peut s’en suivre, tout cela éloigné de l’univers rose bonbon brossé par certains ouvrages.
– la description de la société suédoise, qui me semble en avance sur la nôtre sur certains aspects : les hommes prenant un long congé parental pour s’occuper de leurs enfants, les couples de femmes recourant à la PMA… (il faut garder en mémoire que les premiers romans remontent à 10 – 12 ans).
– et surtout, surtout, des héros qui vieillissent avec nous ce qui n’est pas si fréquent dans la littérature policière ; Maigret a toujours plus ou moins semblé vieux, idem pour Hercule Poirot et Miss Marple, les héroïnes de Mary Higgins Clark sont toujours des trentenaires, sans souci pécuniaires dans des professions huppées et décoratives, on n’a jamais vu vieillir Arsène Lupin ni James Bond, et chez Fred Vargas, le commissaire Adamsberg reste assez intemporel ! Chez Camilla Läckberg, on voit au contraire évoluer Erika Falck, l’héroïne, autrice de son métier et Patrick Hedström, policier : au fil des romans, ils se marient, attendent leur 1er enfant, vivent avec difficulté les premiers temps avec leur petite fille et au stade où j’en suis de mes lectures, ils attendent des jumeaux ! Je n’en sais pas plus pour l’instant.
Je suis sur le point de terminer « la Sirène » et les quatre derniers romans m’attendent toujours, mais là, je vais peut-être faire une pause et quitter Fjällbacka car j’ai encore plein d’autres choses à lire… en attendant le prochain confinement ?
*La Princesse des Glaces, Le Prédicateur, Le Tailleur de Pierre, L’Oiseau de Mauvais Augure, L’Enfant Allemand.