Après avoir été hospitalisée pour une opération, Andrée a passé un mois dans un centre de soins de suite à Rouen. Un séjour qui lui a fait apprécier la vie communautaire. 

Par Andrée Lepetit 

Je suis arrivée depuis quelques jours dans un établissement qui n’a que quelques années à en juger par les équipements qui sont assez modernes et confortables. Mais que fais-je ici ? Dans cette grande chambre qui n’est pas la mienne, et se situe au bout d’un long couloir ? Autour de moi, que des gens habillés de blanc : sans doute du personnel soignant. Beaucoup de fauteuils roulants aussi. Serais-je dans la Clinique de Convalescence ?

Ce sont les premiers jours après mon opération aussi ai-je encore l’esprit endormi et les pensées brumeuses. Découvrir qu’on ne m’a pas ramenée chez moi, ne me réjouit pas. Pourtant, on s’occupe bien de moi : on me prodigue des soins à heure fixe, on m’apporte mes repas. Je n’ai qu’à me reposer. Je devrais être contente, non ?

Les jours passent. Je me rétablis peu à peu, retrouve de l’énergie et mon programme d’activités s’étoffe : kiné tous les matins avec une monitrice qui nous fait travailler par petit groupe dans une ambiance chaleureuse.

Et puis, je ne mange plus dans ma chambre. Je prends mes repas au restaurant de la clinique où je rencontre d’autres résidentes, quelques dames sympathiques avec lesquelles j’engage la conversation. Chacune a ses propres problèmes mais sait rester avenante. 

Souvent, l’après-midi, je reçois la visite d’une amie. Nous sortons alors dans le jardin pour profiter du soleil et regarder les poules et les lapins qui y vivent. J’apprécie ces visites qui permettent de passer le temps. La vie me paraît soudain meilleure, dans cette clinique. Serais-je en train de m’habituer ?

Les jours passent et me voilà déjà à la fin de mon séjour. Il est temps de rentrer chez moi.  Le matin de mon retour arrive. Je quitte cette clinique bien agréable, où je me suis fait de nouvelles connaissances, en ambulance. Elle me dépose devant chez moi. En descendant du véhicule, je me sens toute étourdie. Ai-je vraiment envie de retourner chez moi ? De retrouver ma solitude ainsi que les contraintes liées au quotidien que je dois assumer seule ? Après avoir été prise en charge pendant un mois, et avoir goûté à une vie communautaire, je réalise qu’une réadaptation va être nécessaire. Nostalgique de la clinique ? Je me pose la question et puis finalement en pensant au bon petit repas que je vais me cuisiner, je me suis dit que je suis tout de même contente d’être revenue chez moi.