Le 15 novembre, les Curieux Aînés se sont rendus à la Résidence de la Rose des sables pour parler de l’actualité avec un groupe de résidents.
Marie Madeleine, Véronique, Chantal, Jacqueline, Jean-Louis et Edwige, l’animatrice, ont donné leur avis sur de nombreux sujets de société, toujours proches de l’actualité du moment. Si la retraite, l’inflation, l’égalité femmes-hommes les a fait régir, ils sont sensibles aussi à l’actualité immédiate comme la COP 27. Extraits des échanges. 

Prend-on la retraite au sérieux ?

Marie Madeleine : Avant on avait peur se faire licencier maintenant les jeunes refusent les CDI, c’est pourtant important d’avoir une certaine stabilité.

Jacqueline : Les jeunes ne pensent pas à la retraite, ils ont tendance à dépenser tout ce qu’ils gagnent. Je suis passée par là. J’ai commencé à travailler extrêmement jeune, je voulais profiter.

Chantal : Les jeunes pensent qu’ils n’auront pas de retraite, d’ailleurs ils se composent des plans d’épargne retraites pour compenser.

Marie Madeleine : j’avais des parents âgés qui avaient des retraites de misère, si je n’avais pas été là pour les aider, ils auraient été SDF. C’est pour cela que j’ai été amenée à penser à la retraite très tôt.

Jacqueline : Économiser, préparer sa retraite, c’est bien mais cela dépend aussi de son salaire. Mais ce n’est pas évident surtout en début de carrière.

Chantal : J’ai toujours fait attention à ne pas dépenser l’argent à tort et à travers.

Véronique : Je travaillais dans le C.A.T. (centre d’aide par le travail) Bon Secours, j’étais payée au rendement et mon rendement n’était pas très bon parce que j’ai le bras droit handicapé, alors j’ai une petite retraite.

Marie Madeleine : J’ai travaillé très jeune dans l’administration. Cela m’a permis d’avoir une retraite décente.

L’égalité femmes-hommes dans le monde du travail.

Marie Madeleine : J’ai commencé à travailler à 16 ans. Ma mère, qui avait du bon sens, me disait de travailler dans l’administration pour ne pas avoir à dépendre d’un chef de service qui aurait pu avoir des idées déplacées envers moi. Si un chef de service voulait profiter de sa position, on pouvait toujours changer de service. Dans le privé, si on refusait ses avances, on était viré.
Et puis, dans l’administration, les salaires étaient à peu près égaux.

Chantal : C’est pas normal que les salaires soient différents. Je travaillais dans une banque, j’avais la responsabilité de mon service et je dirigeais des hommes. Je n’ai jamais eu de problème.

Jean Louis : L’homme et la femme travaillent ensemble dans tous les domaines, maintenant il y a des femmes gendarmes, pompiers. On voit de plus en plus de femmes qui conduisent des bus.

Jacqueline : On parle de l’égalité femmes-hommes, mais il y a aussi la complémentarité. C’est important. 
Avant les hommes ne voyait pas les femmes de la même manière, il fallait qu’elles soient belles, sexy. Dans les années 60, il y a eu une petite évolution, en 68 c’était plus net, et après ça a bien bougé. Maintenant les hommes ont avancé, ils ont passé le cap de l’objet.

Marie Madeleine : Il ne peut pas y avoir d’égalité entre l’homme et la femme. Ce n’est pas un bon mot. Chaque être à sa valeur en fonction de ce qu’il est.
Certaines féministes sont contre le mariage, contre le fait d’avoir des enfants, on ne peut pas se passer d’hommes.

L’inflation, entre constat et incompréhension.

Jean Louis : Avec l’inflation tout augmente, quand je fais mes courses, c’est plus cher, ça change mon quotidien. J’achète beaucoup moins.

Jacqueline : Les tablettes de chocolat ont beaucoup augmenté, mais j’en achète quand même.

Chantal : J’ai acheté des briques de soupe, maintenant, je l’ai fait moi-même.

Jacqueline : C’est meilleur pour la santé.

Chantal : On reprise nos chaussettes.

Edwige : Cette année, le chauffage a été mis en route plus tard. Il y a pas mal de résidents qui ont souffert du froid.

Jacqueline : Logiquement, les loyers de la résidence auraient dû augmenter de 1,5 % mais cette année ils vont augmenter de trois ou 4 %.

Marie Madeleine : Et pour les repas c’est pareil.

Jacqueline : Dans les établissements privés, il faut payer l’eau et l’électricité en plus du loyer. Au final ça revient plus cher.

Marie Madeleine : On ne comprend pas vraiment les raisons de l’inflation. On a l’impression que les prix augmentent parce que certains prennent les devants pour éviter de se retrouver en difficulté. On met ça un peu facilement sur le dos du conflit en Ukraine.

Jacqueline : L’Ukraine c’est l’Europe, en Europe c’est la guerre, la guerre en Ukraine coûte cher. Un missile coûte des centaines de milliers d’euros.

Chantal : Bien sûr, c’est à cause des guerres, on nous fait participer, c’est normal.

Marie Madeleine : Il y a des inflations sans guerre. Dans les années 70, l’inflation était provoquée par le prix du pétrole.

Les transports publics, un vrai lien.

Jacqueline : Il y a une très grande amélioration dans les transports. Certaines lignes n’ont pas été renouvelées et je ne peux pas monter dans les bus. Mais dans l’ensemble ça va beaucoup mieux.
À la SNCF, je demande de l’aide pour accéder aux trains. Avant j’avais l’habitude de prendre des décisions au pied levé, maintenant je dois anticiper et je suis moins motivée.

Véronique : Je prends le bus pour aller au tricot, le vendredi, c’est adapté, c’est pratique.

Edwige : Il y a eu un accompagnement de quelqu’un de la ville pour présenter les transports en commun aux résidents, il y a même eu une formation pratique.

Marie Madeleine : Comme je suis malvoyante, on m’a expliqué qu’il valait mieux monter à l’avant, pour que le conducteur me voit et puisse m’aider.
Et puis il y a Handistuce pour les handicapés. C’est un taxi qui coûte le même prix que le bus. On le réserve et il nous emmène où on veut. J’ai pu aller voir la pédicure un matin et l’après-midi, il m’a emmené au salon de coiffure. Je ne vois presque plus rien, mais j’ai envie de garder le lien avec mes anciens commerçants.

Chantal : Je fais aussi appel à ce service, il vaut mieux appeler quelques jours avant.

Jean Louis : Moi aussi je prends le bus, je prends la ligne 13, on est souvent contrôlés.

COP 27, il est temps de changer.

Marie Madeleine : On est 8 milliards, ça pose un problème.
Si les gens sont dans des difficultés dans certains pays, c’est bien à cause des pays riches, notamment l’Europe. Nous avons vécu dans un confort extraordinaire, sera-t-on capable de faire marche arrière. Toujours plus, toujours plus, ça ne peut pas fonctionner.

Jacqueline : Ce qui m’inquiète le plus, davantage que le manque de nourriture, c’est le manque d’eau.
Les pays du Sud doivent se développer autrement que nous ne l’avons fait. Mais bien sûr qu’ils doivent se développer.