Cette année, le retour des festivals a pu réjouir tout un public frustré par un été 2020 qui avait vu tous les programmes annulés pour raisons sanitaires. Mieux, la télévision a même décidé de diffuser quelques spectacles parmi les plus prestigieux ! Martine a regardé certains d’entre eux.

Par Martine Lelait

Je dois filer un mauvais coton et c’est rien de le dire.

L’an dernier, frustrée par les restrictions sanitaires, j’avais écrit un article sur Avignon sans son festival, Avignon désertée mais néanmoins tellement belle et étonnante sans son habituelle effervescence estivale.

Cette année, le festival a bien eu lieu … mais je n’y suis pas allée. Si j’en crois les critiques que j’ai pu lire dans les magazines, ce fût un beau succès, en tout cas pour le « in », les théâtreux du « off » n’ayant pas forcément la même approche. 

Ne voulant pas être en reste, moi qui me pique d’aimer le théâtre, je me réjouissais secrètement des retransmissions prévues par la télévision.

Eh bien je dois dire que ma déception est à la hauteur du plaisir que j’escomptais en retirer.

Le 9 juillet, en 2ème partie de soirée, j’ai ainsi commencé à regarder en direct, s’il vous plaît, de la Cour d’Honneur du Palais des Papes « la Cerisaie » création de Tiago Rodrigues appelé sous peu à prendre la direction du festival. J’adore Tchékhov et ai déjà eu l’occasion de voir de nombreuses représentations de ses pièces. J’adore aussi Isabelle Huppert. Je ne pouvais donc que passer une excellente soirée. Eh bien non. J’ai été déstabilisée par le décor, cette grande scène encombrée des chaises auparavant destinées à accueillir les postérieurs des spectateurs, désorientée par le travelling d’instruments de musique au milieu de ces chaises. Peut-être était-ce lié à la fatigue de mon séjour à la montagne qui se terminait ? Toujours est-il que j’ai tenu grosso modo une vingtaine de minutes.

J’étais vexée, je m’en voulais … comment avais-je pu ne pas apprécier cette belle création ? De retour à Rouen, j’ai décidé de récidiver et de regarder en replay cette fois, cette Cerisaie avignonnaise. Je regardé jusqu’au bout mais j’ai été affreusement déçue, déçue de l’interprétation de mon actrice adorée (d’autres acteurs m’ont semblé bien meilleurs), déçue globalement de cette mise en scène qui n’a réanimé en moi aucune des émotions que j’éprouve à chaque fois avec Tchékhov.

Ne voulant pas m’avouer vaincue, dans la série « persiste et signe », j’ai voulu regarder le « Hamlet » d’Olivier Py, joué dans les jardins de la bibliothèque Ceccano, diffusé le 5 août par France 4. Télérama l’annonçait comme l’une des plus grandes réussites d’Avignon 2021, « un vibrant feuilleton sous le soleil du midi ». Pourtant je fais très souvent confiance à Télérama, eh bien là encore, je n’ai pas accroché, pas tenu. J’ai trouvé les acteurs trop emphatiques, avec une diction presque trop théâtrale. Bref, ce ne sera pas là encore ma meilleure rencontre avec Shakespeare.

Moi qui me réjouissais que la télévision programme autre chose que du théâtre de boulevard, j’attends de voir ce que je tenterai la prochaine fois…

Dites-moi, c’est moi qui vieillis mal, qui n’y comprends plus rien, qui deviens hermétique au théâtre ou c’est le théâtre qui change tellement que je ne le reconnais plus ?