Comment les livres arrivent-ils entre nos mains ? Martine raconte sa découverte d’un auteur de polar qui va bientôt la faire frissonner de peur. 

par Martine Lelait

On m’a offert récemment « Il était deux fois » un polar de Franck Thilliez que je n’ai pas tout de suite lu, tant ma pile bouquins en attente est importante.

Cet auteur était récemment l’invité de la librairie l’Armitière. Bien qu’ignorant tout de lui, je me suis résolue à aller l’écouter. Ce n’est pas tout à fait exact d’ailleurs, je le connaissais de nom car Franck Thilliez apparaît régulièrement au générique de la série « Alex Hugo » à la télévision comme scénariste mais je ne l’ai encore jamais lu. 

Il a, à l’évidence, ses aficionados :  la salle était comble ce soir-là à l’Armitière ; j’avais devant moi un jeune couple qui savourait ses paroles, approuvait, hochait la tête et se lançait des regards de connivence dès qu’était cité le titre d’un de ses romans. Je pressentais que tous deux dévoraient tous ses livres, en discutaient entre eux et que c’était une grande passion commune.

Étaient présentés ce soir-là, ses deux derniers livres :

-un thriller « Labyrinthes » qui se veut le dernier volet d’une trilogie commencée avec « Le manuscrit inachevé » et poursuivie avec le fameux « Il était deux fois » que l’on m’a donné. J’ai toutefois été rassurée de savoir que chaque roman pouvait aussi se lire de manière indépendante et que je ne serais pas pénalisée de démarrer par celui du milieu, même si on y retrouve les deux mêmes protagonistes, le commissaire Franck Sharko et l’inspectrice Lucie Henebelle.

-un essai « Le plaisir de la peur » dans lequel il décrypte les mécanismes à l’œuvre dans les thrillers. Il cite volontiers la réponse qu’il apporte quand on lui demande pourquoi il écrit et décrit autant de crimes affreux, d’horreurs, de turpitudes, c’est, répond-il « parce que vous aimez les lire ! ». Il explique le côté jouissif de se donner des shoots d’adrénaline, de se faire peur, lorsque c’est une peur que l’on peut maîtriser, arrêter … en fermant le livre ou en arrêtant le film. Il s’étonne aussi que son roman « Pandémia » ne se soit jamais autant vendu que pendant le 1er confinement, alors qu’on aurait pu penser qu’il valait mieux se changer les idées…

Chaque roman est pour lui l’objet d’un travail intensif, de recherches minutieuses, d’interviews de médecins, juristes, scientifiques. Nécessaire selon lui pour creuser ses sujets comme l’hyper-électrosensibilité dans son dernier roman ; les huis-clos, la mémoire et ses défaillances, telles l’amnésie, les souvenirs altérés, les faux souvenirs sont des thèmes qui le fascinent et dont il creuse le sillon. Il avoue qu’après 21 romans, il devient de plus en plus difficile de se renouveler ; tous les thèmes de l’amour, de la vengeance, de la mort ont été traités depuis les anciens auteurs de la tragédie grecque. Il s’agit maintenant de savoir comment se les réapproprier pour en faire quelque chose de différent.

A une lectrice qui lui demandait lequel de ses 21 romans il préférait, il a répondu comme les parents qui ne peuvent pas préférer un de leurs enfants à un autre : pour lui, chaque livre a un caractère différent et ne saurait prendre le pas sur un autre.

Pour ceux qui ont lu « le syndrome E » écrit en 2011, et pour les autres aussi, sachez qu’une série en six épisodes vient d’être tournée pour la télévision et sera diffusée sur TF1 à l’automne avec Vincent Elbaz dans le rôle de Sharko et Jennifer Decker de la Comédie Française dans celui de Lucie Henebelle.

Je vais vous quitter pour aller entreprendre « Il était deux fois » qui a eu droit à son coupe-file et est soudain remonté sur le dessus de ma pile de lecture.