Françoise a découvert par hasard sur un terrain proche de Rouen des gens du voyage qui lui ont ouvert leur porte. 

Par Françoise S. 

Un dimanche ensoleillé, me promenant sur une route départementale j’ai emprunté un petit chemin dans une commune située à l’est de Rouen.

A l’entrée de ce chemin, en face d’un pré où paissaient de paisibles bœufs blancs et un âne qui ne demandait qu’à se faire caresser la tête, j’ai vu un rassemblement de caravanes sur ma gauche. J’ai immédiatement pensé aux gens du voyage.
Quelques instants plus tard, une dame aimable sort et me dit bonjour. Quelques mots échangés.
– « Vous êtes des gens du voyage ? » 
– « Oui, regardez j’ai tout ce qu’il faut dans ma caravane. Nous vendons sur les marchés ».
J’ai continué ma petite randonnée et, en contournant un cimetière, j’ai aperçu de nombreuses caravanes et voitures et, situés près de la forêt, plusieurs terrains sur lesquels se dressait un joli chalet de bois.
Le chemin était recouvert de morceaux de tuiles, une façon astucieuse de boucher les trous et faciliter les déplacements. Sur chaque terrain, le même agencement et partout 
la même impression d’organisation et de propreté. S’il y avait des clôtures, la porte était ouverte. Rien à voir avec les maisons de la région camouflées derrière de hauts murs telles des forteresses imprenables comme si les habitants du lieu avaient peur.
En me voyant admirer les maisons et les jardins, un monsieur à l’air sympathique m’a souri alors j’ai engagé la conversation.
– « Vous êtes des gens du voyage ? » 
– « Oui, je suis artisan. Je prends en charge toutes sortes de travaux d’entretien : peinture, jardinage…Si cela vous intéresse… ». 
La discussion continuant, il m’a montré le terrain et la maison contigüe où demeuraient ses beaux-parents. « Ils résident ici toute l’année. Nous gardons nos anciens, pas de maison de retraite pour eux. Nous restons en hiver et reprenons la route au printemps mais ça va devenir difficile de voyager à cause du prix de l’essence ».

Tout en parlant avec cet homme très sympathique, je me suis demandé pourquoi les gens du voyage suscitaient tant de méfiance et de réprobation. Pourquoi ils véhiculaient tant de fantasmes et d’idées reçues négatives ?  Ne les surnomme-t-on pas parfois des voleurs de poules ? 
Enfin, alléchée par une bonne odeur de barbecue, je suis passée devant un terrain où plusieurs familles faisaient la fête.

Durant cette promenade, mes interlocuteurs m’ont donné quelques informations liées à leur mode de vie.
La majorité des gens du voyage sont à 95 % de nationalité française.
Le voyage est leur mode de vie depuis des générations.
Beaucoup sont devenus sédentaires ou semi-sédentaires et vivent sur des terrains familiaux qu’ils ont achetés. Ces terrains se trouvent dans des zones agricoles ou forestières.
Leurs voitures, leurs caravanes et maisons roulantes sont leurs uniques biens obtenus avec l’argent de leur travail.
Souvent auto-entrepreneurs, ils sont déclarés au registre du commerce.
Ils œuvrent dans le bâtiment, la maçonnerie, les toitures, les espaces verts. Nous pouvons rencontrer des gens du voyage sur les marchés, les brocantes et les vide-greniers.
Ceux qui sont itinérants stationnent sur des aires d’accueil autorisées par la commune, pas toujours accueillantes. Ils paient un droit de place.
Les gens du voyage paient leurs impôts.

Je souhaite à tous ces voyageurs bonne route et bon accueil dans nos villes et villages de France.