Bien que tirant ses origines du Moyen-Âge, le concept du béguinage connaît un regain d’intérêt et séduit de plus en plus de séniors soucieux de vivre de manière autonome, sans souffrir d’isolement.
Par Stéphane Lecompte
Comme souvent, c’est du Nord de l’Europe qu’a surgit l’idée du béguinage. Au 12e siècle, dans les Flandres, aux Pays-Bas et aussi dans le Nord de la France. Le béguinage tire son origine étymologique de béguine, qui désignait une communauté de femmes célibataires, souvent veuves, et pieuses, ne dépendant pas du système religieux. Vivant en autogestion et dans des petites maisons individuelles regroupées pour se protéger et s’entraider, ces femmes s’installaient souvent à proximité d’une église. Des hommes aussi à cette époque ont tenté l’expérience de la vie communautaire d’inspiration monastique mais sans prononcer de vœux perpétuels. Ils étaient appelés les béguards.
La volonté de rester autonome le plus longtemps possible, sans être confronté à la solitude amène de nombreux seniors à revisiter ce concept de vie : le béguinage. Ils voient dans ce type d’habitat inclusif la possibilité de disposer d’espaces individuels et de partager des espaces communs ainsi que de l’entraide. Contrairement aux origines, la mixité y est admise.
Encore balbutiant en France, le béguinage se répand pourtant. Il apparaît comme une alternative aux EHPAD. D’autant qu’il est moins coûteux. Ce sont généralement des bailleurs sociaux ou les collectivités locales qui les gère. Un béguinage est composé de maisons individuelles de plain-pied ou d’appartements autour d’une cour centrale, des espaces communs et, selon les cas, des services. Il accueille des personnes autonomes ou en perte d’autonomie limitée qui peuvent continuer à vivre de manière indépendante, seule ou en couple. Le coût varie en fonction du nombre de services proposés. Le béguin doit payer un loyer ou une redevance et il contribue aux charges locatives et aux frais des services proposés. Selon la surface du logement, les prix varient entre 500 et 800 €, incluant ces 3 postes. Quand il est géré par un bailleur social, des plafonds de ressources sont fixés pour qu’un dossier soit accepté. Il faut disposer d’un revenu dans les limites des plafonds du PLS (Prêt Locatif Social) et avoir suffisamment d’argent pour vivre une fois le loyer et les charges payés. Dans le privé, les tarifs peuvent atteindre 1500 euros mensuel, Les petites structures, telles que Les Maisons Partagées Âge et Vie, sont composées de seulement huit chambres, l’idée étant d’accompagner la perte d’autonomie tout en préservant au maximum les habitudes de vie des résidents.
Bref, le béguinage propose une voie entre le domicile individuel et la maison de retraite et n’a pas fini de séduire ceux qui ont la chance de vivre longtemps.