Nous publions à nouveau cet article écrit à l’occasion du jubilé de la reine Elisabeth. C’était il y a quelques semaines et cela semble bien lointain maintenant. Le titre initial était : Lendemain de fête à Balmoral.
Le jubilé de la reine Elisabeth a inspiré Marie. Et lui a donné envie de se glisser dans la peau de sa royale Majesté. Scoops au programme, notamment cet aveu : Elisabeth admet que le vert pomme ne lui sied plus si bien.
Par Marie H.
Lundi matin, la reine d’Angleterre a regagné Balmoral, et la voilà qui s’étire dans son lit à baldaquin. Et se réjouit d’avoir du temps pour elle.
« Je vais pouvoir enfin faire la grasse matinée. Il est huit heures ; dans dix minutes, ma femme de chambre va me servir mon morning-tea. J’espère qu’elle a pensé aux scones et qu’ils seront chauds.
Ils l’ont eu leur jubilé de platine, pas demain la veille qu’ils me reverront au balcon de Buckingham. J’ai bien mérité un peu de vacances.
N’empêche qu’hier, jusqu’à la dernière minute, j’ai réussi à maintenir le suspens : Viendra ? Viendra pas ? se demandait le monde entier. C’est mon côté diva ! De temps en temps, un semblant de caprice maintient la pression. Manquerait plus qu’ils croient qu’on peut me faire sortir, façon coucou suisse ou pendule bavaroise !
Hier soir, ma secrétaire m’a mis sous le nez les photos qu’elle avait prises avec son smartphone. A mon âge et malgré mon teint de jeune fille, le vert pomme, il faut oublier. Cependant, comme elle me l’a fait respectueusement remarquer, avec ce genre de couleur, mes chers sujets ne pouvaient pas manquer de me voir, même de loin.
Ils m’ont bien cassé les oreilles avec leur concert de samedi soir, mais le God Save The Queen final du dimanche était pas mal du tout. Le Président Macron, la Marseillaise, il ne se l’entend pas souvent, reprise en chœur par des milliers de fans. C’est heureux pour lui, c’est un chant, certes patriotique, mais qui peut mener à des excès regrettables.
Je me demande où j’ai pu déposer mes trois rangs de perles ? J’ai dû les oublier dans la salle de bain. Faut dire que je tenais plus debout ; j’ai dû m’arracher à un after tea de première dans le parc de Windsor pour grimper dans l’hélico et me rendre à Londres, saluer au balcon.
Je ne sais pas si mes chers sujets réalisent que je n’ai plus soixante ans et que ces fantaisies ne sont plus de saison. Enfin, tout est bien qui finit bien. Je vais pouvoir laisser les corvées royales à Charles et Camilla et me consacrer à mes arrières-petits-enfants qui sont bien plus drôles que mon premier ministre. Celui-là pour Christmas, je lui ai offert un beau peigne en bois de cèdre ; n’importe qui aurait saisi l’allusion et s’en serait servi, lui, non. Ce qu’il m’embête avec son Brexit, tout pour me contrarier. Je m’étais promis d’arpenter l’Europe et surtout de retourner en France. Me faire acclamer par de fervents républicains est l’un de mes plaisirs favoris.
Je n’ai pas oublié mon escapade en Normandie dans les années cinquante. La visite des haras avait été un bon prétexte pour rappeler aux normands que je suis toujours leur Duc. J’ai été reçue et acclamée comme jamais. Dans les châteaux, c’était la folie ! A qui me recevrait et me garderait le plus longtemps. J’ai fini par rentrer ; le coffre de la Rolls et celui de la Bentley débordaient d’œufs frais, de beurre, de crème et de calvados de dix et vingt ans d’âge. J’ai même reçu mon poids en caramels d’Isigny que j’ai dû, afin d’éviter les caries, partager avec l’archevêque de Canterbury. My God, quels merveilleux souvenirs. C’était le bon temps.
Bon, assez rêvé, il faut que je me secoue, la nostalgie, c’est comme la cocaïne, ça intoxique.