Vive le doute, à l’heure des jugements à l’emporte-pièce par des spécialistes de rien. Et vive la modestie de ceux qui ne sont pas sûrs de ce qu’ils pensent car ils savent bien que rien n’est jamais coulé dans le marbre.
Par Martine Lelait
Depuis mes jeunes années, j’adore cette chanson d’Anne Sylvestre, J’aime les gens qui doutent. Je ne suis pas la seule : il parait que beaucoup de ses fans la lui réclamaient dans ses concerts pour la reprendre avec elle.
Cette chanson ne s’est pas démodée d’un iota. Elle pourrait, à mon humble avis, être remise sur toutes les ondes à l’heure où, sur les réseaux sociaux, d’aucuns se lâchent, lâchement souvent, cachés par un anonymat ou un pseudo, avec des jugements péremptoires sur tout et rien, comme si, bien à l’abri derrière leurs écrans ils étaient des super spécialistes dans toutes les matières et sûrs du bon droit de leurs opinions qui n’ont pour force, justement, de n’être qu’une opinion… parmi tant d’autres possibles. Je vous rassure, cet article ne se veut pas non plus asséner des vérités, il n’est que le reflet de mon opinion en ce mois de mars 2023.
Les perversions excessives des réseaux sociaux ne sont plus, je crois, à démontrer. Encore récemment, le documentaire, la Fabrique du mensonge, diffusé le 12 février sur France 5, laissait voir comment, par l’amplification des réseaux sociaux, une affaire qui aurait dû rester strictement privée, en l’occurrence le divorce conflictuel de Johnny Depp et d’Amber Heard, avait pris des allures de croisade nationale, voire internationale, propice à tous les exutoires, y compris les menaces et violences des « masculinistes » américains contre l’ex-épouse.
Pour revenir sur les affirmations et déclarations en tous genres, erronées ou non, qui fleurissent au fil du net et pour ne prendre qu’un seul exemple, je retiendrai celui, bien éclairant, du Covid quand tout un chacun pensait pouvoir se dire épidémiologiste, scientifique, expert en vaccinations, en stratégie gouvernementale etc.
Eh bien moi, le « tout-savant-tout-sachant » me fait peur ! Les savoirs évoluent, ils sont pertinents, et reconnus comme justes à un temps T de l’histoire et les années peuvent les voir évoluer, se raffermir, se préciser mais aussi s’infirmer. Tout est affaire de construction jamais terminée.
Un peu de modestie ne me semblerait donc pas faire de mal : il n’y a pas de honte à ne pas tout savoir, à reconnaître qu’on ne sait pas, plutôt qu’affirmer avec force et la plus effrontée des assurances, des bêtises ou des contre-vérités.
Et surtout ne pas tout savoir, c’est garder la possibilité d’apprendre encore et toujours, d’enrichir petit à petit ses savoirs, de garder sa curiosité en éveil sur les gens et sur le monde. N’est-ce pas d’ailleurs, l’objectif de ce Blog des Curieux Aînés ?