C’est à Saint-Gildas-des-Bois en Loire Atlantique que Laura Hurel, directrice et fondatrice de l’Association Source d’Envol, membre du Mouvement Emmaüs, décide de développer son projet pour la réinsertion de personnes en fin de longue peine d’emprisonnement. Cette initiative veut créer un lieu en milieu rural pour accueillir des volontaires pour un retour dans la société par un sas d’intégration d’un an. Présentation.
Par Pierre Caro – retraité professionnel
Les cassures de vie ne sont ni faciles, ni aisées à aborder et souvent, moins encore, à réparer. Pourtant elles appartiennent au parcours de chaque citoyen*. Elles sont, comme à la gouvernance des États, des régions ou des territoires, parsemées d’embûches.
C’est quasi en qualité de voisins, que nous nous sommes retrouvés pour participer, bénévolement, auprès de l’équipe d’encadrants, pour l’aide à la mise en état de ce lieu d’accueil pour répondre au mieux aux problématiques des personnes qui vont être accueillies. Nous nous sommes fixé des temps de rencontre pour apprendre en échangeant nos idées, nos savoirs, nos expériences, nos engagements personnels et collectifs, nos certitudes et nos doutes, nos espoirs, nos craintes, voir nos peurs.
Nous avions également comme intention, de pré-construire quelques propositions, d’émettre quelques objectifs et projets en matière de réinsertion de personnes en fin de longue peine de prison dans notre commune.
Dans notre pays démocratique des Droits de l’homme, ces personnes condamnées par la justice de notre pays à effectuer une peine d’emprisonnement de longue durée, doivent retrouver leurs droits, reprendre conscience de leurs devoirs et responsabilités, de leur liberté de penser et de s’exprimer, à la fin de leur peine.
Le programme de la Ferme de Ker Madeleine offre un lieu ouvert sur le milieu rural pour retrouver un équilibre au sein d’un groupe structuré, organisé dans un encadrement professionnel. Ce cadre permet une ré aptitude progressive au travail, à la responsabilité, aux respects des relations à soi-même et aux autres. Il aide au respect des lois, règles et usages en vigueur dans la société qui a évolué depuis leur privation de liberté.
Dans ce temps, semblable à une « convalescence » pour un parallèle fait avec la maladie, le rétablissement sera d’autant mieux réussi qu’il aura été favorisé par les relations avec le voisinage. Tout pareil comme la famille et les amis rendent visite, nous devrons être présents pour un rétablissement réussi.
Le passage par la « case prison » n’est pas une bonne carte de visite. Celui qui a fauté porte le stigmate invisible que la justice et le temps de peine accomplie, n’effacent pas. Les citoyens ont reçu les informations des médias plus souvent présents lors des procès qu’aux remises en liberté. La faute est jetée en pâture, pas l’accomplissement de la peine, ce qui fait que les populations demeurent sur le fait reproché. La faute devient la tache indélébile, l’étiquette « détenu » réapparaît pour toute sollicitation administrative, demande d’emploi, participation aux activités de la société… c’est pourquoi il est important que de telles initiatives soient menées au centre de la vie de la communauté, avec les habitants, afin de changer les regards, les attitudes, les relations … que chacun se pose à lui-même, la question : demain si je commettais une faute condamnable, quel serait mon souhait en fin de peine !
* citoyen et citoyenne pour l’ensemble du texte