Les contrats de formation professionnelle conduisent au chômage de longue durée. C’est le constat désabusé de Koffi, qui observe depuis plus de vingt ans, son ami Mathieu se débattre dans la précarité. 

Par Koffi 

Mon ami Mathieu avait environ vingt-cinq ans, moi, la soixantaine passée, lorsque nos chemins se sont croisés. 

Nous avons sympathisé. Peu à peu, je suis entré dans sa famille. Son papa et sa maman sont à peine plus âgés que moi. J’ai compris tout de suite, à la manière dont Mathieu était choyé, qu’il était arrivé tardivement dans ce foyer. Cette famille vit modestement. Pour compléter probablement ses ressources, et aussi par plaisir, elle passe l’essentiel de son temps à faire les « foires à tout »

Mathieu m’a raconté son enfance heureuse, même si le papa, traumatisé par l’armée, était un peu rustre dans son langage. Son éducation scolaire s’est normalement écoulée, sans anicroche notable. Ses études se sont conclues par l’obtention du BAC. Ensuite, Mathieu a fait l’armée.  

A son retour dans la vie civile, la récession et le chômage s’étaient amplifiés. Mathieu s’est vu proposer par Pôle Emploi un contrat de formation professionnelle. Le voilà stagiaire au sein d’une grande enseigne d’articles de sport. Après huit mois passés à bien travailler sans être rémunéré (c’est le statut de stagiaire qui veut ça), il s’est fait remercier au prétexte d’une conjoncture difficile. Or, Mathieu l’a découvert plus tard, un demandeur d’emploi était déjà sur les rangs pour un nouveau contrat de formation professionnelle sans rémunération…

Une belle arnaque pour les demandeurs d’emploi, ces contrats de formation professionnelle. Et une belle aubaine pour les entreprises qui acceptent des stagiaires en formation moyennant des primes sans conditions…

Comment réagit Pôle emploi, qui fait passer des tests d’orientation afin de diriger les demandeurs d’emploi vers les entreprises qui accueillent des stagiaires en formation professionnelle ?  En ne réagissant pas, justement.  L’agence n’accompagne pas suffisamment les demandeurs d’emploi et ne vérifie pas que les contrats de formation sont suivis d’une embauche.  

Résultat : après plusieurs expériences de la sorte, Mathieu vivote, notamment grâce au RSA. Dans les moments les plus difficiles, il a recours au Resto du cœur. Comme il gagne rarement de l’argent, il ne cotise pas pour sa retraite…Quelle vieillesse aura-t-il ? Cela m’inquiète.  Mais il se forme depuis bientôt quarante an !

A travers l’histoire de Mathieu, c’est le système que je dénonce : il est censé aider les demandeurs d’emploi à accéder au marché de l’emploi, mais en réalité, il les enferme dans une impasse, tout en remplissant les caisses des entreprises. Il faudrait plus de garde-fous.